Présidents de chambres consulaires et politique. Les articulations locales des conflits identitaires et du militantisme patronal en Turquie
L’article interroge les rapports entre les chambres consulaires et le gouvernement en Turquie, souvent étudiés à l’échelle macro et interprétés comme une relation de domination népotique. En étudiant, à l’échelle micro, les comportements divergents de deux présidents consulaires de deux villes turques lors des élections législatives de 2015, cet article nuance cette hypothèse et montre comment cette relation renvoie à la manière dont le président définit son rôle. Les présidents interrogés conçoivent leur rôle comme celui d’un militant patronal en articulation avec d’autres militantismes identitaires. L’analyse des trajectoires des hommes d’affaires qui occupent cette position met en lumière comment cette définition est le produit d’un processus de notabilisation et de fabrique d’un consensus patronal considéré comme non partisan. L’analyse comparée de leurs engagements pendant les périodes électorales montre comment la mise en pratique de ce rôle dépend des spécificités du cadre de l’interaction dans lequel ils agissent. Cette analyse montre l’articulation des présidents consulaires à un double mécanisme d’injonction : celui de représentation officielle du patronat d’un côté et de gouvernement des particularismes locaux de l’autre. Une articulation qui permet aux présidents consulaires d’entretenir une marge d’autonomie relative dans leurs relations au politique.
Un article de Dilek Yankaya et Nicolas Ressler-Fessy, doctorant à l’IFG, à retrouver sur Cairn.