COLLOQUE : Algérie 1962-2022, Trajectoires d’une nation et d’une société
Colloque
Algérie 1962-2022, Trajectoires d’une nation et d’une société
23, 24 et 25 juin 2022
Université Paris I Panthéon-Sorbonne,
Site Panthéon, 12 place du Panthéon, Paris, 5ème arrondissement, Amphi 3
Organisé par l’IFG (Institut Français de Géopolitique)
Comité Scientifique du colloque
Lahouari Addi, Professeur émérite Sc. Po Lyon
Akram Belkaid, journaliste et essayiste
Madjid Benchikh, Professeur émérite de l’Université de Cergy-Pontoise, ancien Doyen de la Faculté de droit d’Alger
Ali Bensaad, Professeur, IFG (Institut Français de Géopolitique), Paris8
Mouloud Boumghar Professeur Université de Picardie, Amiens
Daho Djerbal, Historien, Université d’Alger et directeur de la revue « NAQD »
Louisa Dris Aït Hamadouche, Professeure à la faculté des sciences politiques et des relations internationales, Alger 3
Amar Mohand-Amer, Chercheur au CRASC Oran et directeur-adjoint de la revue Insaniyat,
Rachid Ouaissa, Professeur Université de Marburg, Allemagne et directeur du Centre Merian d’études avancées au Maghreb (MECAM) à Tunis
Fatiha Talahite, Chercheure CNRS, EconomiX, Université Paris Nanterre
Comité d’ organisation
Ali Bensaad, Mouloud Boumghar, Fatiha Talahite
Partenaires
Préambule
En arrachant son indépendance il y’a 60 ans, l’Algérie s’est trouvée projetée dans une toute autre dimension que celle où la maintenait le carcan colonial, transformant radicalement, et de façon incomparable, le vécu des Algériens et des Algériennes et ouvrant à leur destin un champ de possibles qui leur étaient jusque- là inaccessibles.
Depuis et en ce soixantième anniversaire de l’indépendance, ce seront trois pleines générations successives d’Algériens, c’est-à-dire l’écrasante majorité de sa population, plus de 90%, qui auront vécu, depuis leur naissance, dans un pays indépendant, et pour le reste, l’essentiel de leur vie.
La trajectoire indépendante du pays est dorénavant ancrée et inscrite dans la densité du temps et, depuis 60 ans, c’est comme pays indépendant que l’Algérie fait face à son destin et le construit.
Aussi, c’est à l’Algérie indépendante et à ses trajectoires comme nation et comme société indépendantes que choisit de s’intéresser le colloque.
S’interroger sur ce parcours n’est pas interroger l’indépendance, réalité irréversible et donnée intangible. C’est s’interroger sur un pays et une société, indépendants comme d’autres, parmi d’autres, et responsables de leur destin y compris sur la manière d’assumer et de faire face au passif des héritages aussi lourds et inhibants soient-ils.
Cette trajectoire indépendante sur le temps long de la traversée de trois générations a tissé une temporalité suffisamment épaisse pour faire histoire. Une histoire avec, maintenant, une perspective dont la profondeur acquise appelle à l’interrogation et au débat et qui, tout à la fois, les autorise et les commande. C’est cette histoire, en train de s’écrire depuis maintenant 60 ans, qui détermine pour l’essentiel les dynamiques qui travaillent la société algérienne. Une histoire qui, même si elle en hérite des éléments, transcende le seul moment colonial et son pendant de guerre de libération, et ne saurait y être enfermée. Figer la trajectoire du pays dans ce moment participe du déni de la complexification de la société algérienne et surtout d’une volonté de négation des dynamiques et évolutions qui portent cette société vers un désir d’approfondissement de son émancipation
S’interroger sur ce parcours , c’est ce que, précédant la réflexion intellectuelle et y invitant, ne cesse de faire la société algérienne elle-même depuis les premières années de l’indépendance. Elle le fait y compris en réprouvant et dénonçant le cours pris par certaines trajectoires de ce parcours et même en s’interposant contre certaines de ses bifurcations régressives comme le fait le Hirak depuis plus de 3 ans maintenant. Celui-ci, au-delà de ses manifestations protestataires, a ouvert, de fait, un grand chantier d’interrogation et d’élaboration, toujours en cours, d’un regard critique, en acte, de certaines des principales orientations qui ont été imprimées à ce parcours. Interrogeant et contestant les pratiques autoritaires et prédatrices du régime politique qui ont contrarié voire combattu tout autant l’émergence d’une citoyenneté que celle d’un développement économique et social, les débats au sein du Hirak ont également fait émerger des questionnements qui travaillent la société de son intérieur. La question sociale, celle du patriarcat, la condition des femmes ou la place du religieux dans l’ordre social et politique, ou la question de la diversité linguistique et culturelle, sont autant de questions qui conditionnent le devenir du pays.
Il est nécessaire et vital que soient portés une réflexion et un regard critique sur cette trajectoire de 60 ans non pas pour relativiser l’aspiration à la souveraineté nationale qui a porté le mouvement d’indépendance mais au contraire pour la consolider en lui donnant une nouvelle perspective, celle de son prolongement par la souveraineté citoyenne.
Programme
Jeudi 23 juin
Matinée
8h30 : accueil
9h : ouverture et introduction au colloque
9h30h-10h-45 : Histoire et usages de l’histoire
- Modérateur : Alain Gresh Directeur de la revue en ligne Orient XXI et ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique
- Amar Mohand-Amer, Chercheur au CRASC, Oran et directeur-adjoint de la revue Insanyat, « Algérie 1962-2022 : les enjeux politiques de l’histoire et de la mémoire »
- Hosni Kitouni, chercheur en Histoire associé à Université d’Exeter, Angleterre, « Usages et mésusages de l’histoire et crise de légitimité. 1962-2022 »
- Dahmane Nedjar, Chercheur en histoire, « Cartographie des enjeux mémoriels depuis l’indépendance, en Algérie »
- Karima Direche, Directrice de Recherche CNRS, TELEMME, Aix en Provence, « Crise de l’Etat, crise de légitimité et conflits autour de l’usage de l’histoire »
- Ali Guenoun, Chercheur en histoire : « De la crise de 1949 au Hirak: l’ethnicisation des questions politiques pour juguler la démocratisation en Algérie »
10h45-11h15 : débat
11h15-12h30 : Interroger le politique
- Modérateur : Frédéric Bobin , Journaliste au quotidien Le Monde , Paris
- Amin Khan, Écrivain et essayiste, « Les élites et l’État, dialectique de la neutralisation »
- Ratiba Hadj Moussa, Professeure, Université York (Toronto), « Mouvements générationnels politiques en Algérie : enclavement, contestation, émancipation»
- Saïd Djaafer, journaliste, « 60 ans après, pourquoi l’indépendance conserve une dimension revendicative. Indépendance, Etat et société
- Ghania Mouffok, Journaliste, essayiste, « 1962-2022. Un seul héros, le peuple, lequel ? »
- Arezki Metref, écrivain et essayiste, « Généalogie d’un désenchantement lucide. De l’euphorie de l’indépendance à celle du Hirak de 2019, inventaire personnel et subjectif des rendez-vous manques avec l’avenir »
12h30-13h : débat
Après-midi
14h30-15h30 : Etapes charnières dans la trajectoire algérienne
- Modératrice : Béatrice Giblin, ancienne directrice et fondatrice de l’IFG, co-directrice (avec Yves Lacoste) de la revue Hérodote
- Daho Djerbal, Historien, Université d’Alger et directeur de la revue « NAQD », « Chartes de Tripoli (Juin 1962) et d’Alger (Avril 1964). Défis et enjeux de l’indépendance de l’Algérie »
- Amer Ouali, journaliste, essayiste : « 1962-2022. A égale distance des deux dates, 1992, l’année qui a vu le pays basculer dans des violences. Réflexions sur la décennie noire »
- Omar Benderra, Financier, ancien président de banque publique, responsable de la négociation de la dette extérieure durant le gouvernement réformateur (1989/1991) : « Ce que l’expérience d’ouverture du gouvernement Hamrouche et son blocage révèlent du système de gouvernance en Algérie »
- Mohamed Benchicou, journaliste et essayiste , « les années Bouteflika dans la trajectoire algérienne post-indépendance »
15h30-16h : débat
16h- 17h Développement, rente et prédation
- Modérateur Jérémy Robine, Directeur de l’IFG et membre du comité de rédaction de la revue Hérodote
- Lahouari Addi, Professeur émérite Sc. Po Lyon, « Pourquoi le modèle autoritaire algérien, au contraire du modèle autoritaire chinois, n’a pas produit du développement »
- Hocine Malti, Consultant pétrolier, ancien Vice-Président de la Sonatrach et membre de son noyau-fondateur, ancien Directeur général du Holding de l’OPAEP, l’Arab Petroleum Services Company « La rente pétrolière et son impact sur la trajectoire économique et politique de l’Algérie
- Fatiha Talahite, Chercheure CNRS, EconomiX, Université Paris Nanterre, « Économie, l’impossible réforme. Héritage colonial et enracinement postcolonial»
- Ahmed Dahmani, Université Paris-Saclay, « De l’industrialisation à l’économie de rente : l’expérience algérienne des années 1970 »
17h-17h30 : Débat
17h30- 18h15 : Session : Foncier, espace et rente
- Modérateur : Pascal Airault , journaliste à L’opinion, Paris
- Omar Bessaoud, économiste agricole. CIHEAM-Montpellier, « Le changement social dans les campagnes et la question de la terre en Algérie »
- Madani Safar Zitoun, professeur de sociologie urbaine, Université Alger 2, « Urbanisation et structuration des territoires en Algérie depuis l’indépendance ou les paradoxes et métamorphoses de la gestion et de la distribution rentières de l’espace »
- Said Belguidoum, Maître de conférences Aix-Marseille Université, « Mutations sociales et dynamiques urbaines en soixante année d’indépendance – approche sociologique des nouvelles urbanités en Algérie »
18h15- 18h45 : débat
Vendredi 24 juin
Matinée
9h-10h : Le système politique et ses ressorts
- Modérateur : Jean Paul Chagnollaud, Professeur des Universités émérite, président de l’IREMMO et directeur de la revue Confluences
- Louisa Dris Aït Hamadouche, Professeure à la faculté des sciences politiques et des relations internationales, Alger 3, « Les ressources et les limites politiques de 60 ans de résilience »
- Cherif Dris, professeur en sciences politiques à l’Ecole Nationale Supérieure de Journalisme d’Alger, « Les médias en Algérie depuis 1962. De l’unanimisme au pluralisme contrôlé »
- Madjid Benchikh, Professeur émérite de l’Université de Cergy-Pontoise, ancien Doyen de la Faculté de droit d’Alger « Evolutions et permanences du système politique algérien au cours des 60 ans d’indépendance »
- Salem Chaker, Professeur Aix-Marseille Université : « L’Etat central et la Kabylie, 1962-2022. Ou comment réduire une région dissidente »
10h-10h30 : débat
10h30- 11h45 : Droit, libertés et citoyenneté.
- Modérateur : Madjid Zerrouky, journaliste au quotidien Le Monde, Paris
- Mouloud Boumghar Professeur Université de Picardie, Jules Verne, « La construction de l’ennemi dans le droit pénal algérien et ses effets sur la restriction des libertés »
- Massenssen Cherbi, Université Paris II Panthéon-Assas, « Les mécanismes législatifs de l’autoritarisme algérien face au Hirak : entre répression de la mobilisation et prévention de toute organisation du mouvement »
- Ahmed Mahiou, Directeur de Recherches émérite CNRS, IREMAM Aix en Provence, « Mutations constitutionnelles en Algérie depuis l’indépendance »
- Hocine Zeghbib, Maître de conférences honoraire, chercheur au CREAM, Faculté de droit – Université Montpellier, « La nationalité algérienne au défi des mutations de la société 1962 – 2022 »
- Salim Chena, Sciences Po Bordeaux, ” Migrations, déplacements, asiles. De la construction nationale à ses limites dans les migrations depuis, vers et en Algérie»
11h45-12h15 : débat
Après-midi
14h30- 15h15 : Religion et citoyenneté
- Modérateur : Pierre Daum, journaliste collaborateur au Monde Diplomatique, chercheur indépendant sur l’histoire de l’Algérie
- Belkacem Benzenine, Chercheur au Crasc, Oran, rédacteur en chef de la revue Insanyat, « La gestion du religieux en Algérie : entre contrôle étatique et limites des libertés religieuses »
- Kader Abderahim, Maître de conférences IEP Paris, « Algérie, de la séparation à l’étatisation de l’Islam »
- Aziadé ZEMIRLI, Ceped (IRD, Université Paris Cité) : « La gestion juridique des non-musulmans en Algérie : arsenal administratif et pénalisation ».
15h15- 15h45 : débat
15h45-17h : Le Hirak, un renouveau de la contestation ?
- Modératrice : Frédéric Douzet Professeure des Universités, Directrice du Laboratoire IFG’Lab
- Amel Boubekeur, EHESS, Paris : « Sociologie politique du Hirak »
- Didier Le Saout, Maître de Conférences, Paris8 : « Penser les mouvements sociaux en Algérie, continuités et ruptures de la contestation »
- Rachid Ouaissa, Professeur Université de Marburg, Allemagne et directeur du Centre Merian d’études avancées au Maghreb (MECAM) à Tunis, « Le rôle des classes moyennes dans les contestations en Algérie et notamment le Hirak »
- Ali Bensaad, Professeur IFG (Institut Français de Géopolitique), Université Paris8 : « L’impact du Hirak sur les recompositions politiques en Algérie »
- Nedjib Sidi Moussa, Docteur en science politique, « Quelles perspectives au mouvement né le 22 février ? »
17h-17h30 : débat
Samedi 25 juin
Matinée
9h-9h45 : Les droits des femmes en question
- Modérateur : Latifa Madani, journaliste à L’Humanité
- Fériel Lalami, sociologue. « Expériences et transmission dans le mouvement féministe depuis l’Indépendance»
- Lydia Haddag, Chercheure en Histoire de l’Art, « Le mouvement féministe algérien entre transmissions et renouvellements générationnels »
- Souad Labbize, Ecrivaine, « Glisser nue sur la rampe. Récit de femmes. »
9h45-10h15 : débat
10h15-11h 15 : L’Algérie et son environnement régional
- Modérateur : Amaël Cattaruzza, Président du Comité National Français de Géographie (CNFG) et Professeur des Universités à l’IFG
- Akram Belkaid, journaliste et essayiste : « L’indépendance de l’Algérie à l’aune de la situation géopolitique ».
- Jean François Daguzan, Vice- Président de l’Institut Choiseul, Chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), « La politique de défense de l’Algérie au défi des transformations géostratégiques »
- Pierre Vermeren, Professeur Paris 1 Panthéon-Sorbonne « Les paradoxes de la relation triangulaire entre l’Algérie, la France et le Maroc depuis 1962 »
- Haoues Seniguer, Maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon , « La décennie noire et son impact régional. Quand le malheur des uns (du Front islamique du salut algérien) fait l’expérience des autres (du Parti de la justice et du développement marocain) : de quelques réflexions croisées »
11h15-11h45 : débat
11h45-13h : La relation algéro-française et ses nœuds
- Modérateur : Gérard Grizbec, journaliste et écrivain, chercheur associé à l’IRIS
- Naoufel Ibrahim El Mili, Sciences Po. Paris, « 60 ans de relations secrètes entre la France et l’Algérie »
- Jean Robert Henry, Directeur de Recherches émérite CNRS, IREMAM Aix en Provence, « La coopération algéro-française et ses aléas »
- Catherine Simon, Journaliste, essayiste, « « Les pieds-rouges ou la fraternité interdite»,
- Farida Souiah, Professeure Assistante, EM Lyon business school, « la question de la migration et de la mobilité humaine dans les relations franco-algériennes »
- Benjamin Stora, Professeur émérite Paris XIII, « la question mémorielle dans les rapports Franco-algérien »
13h -13h30 : débat
Après-midi
15h-16h : Culture et construction des savoirs 1
- Modérateur : Saïd Kaced, journaliste, écrivain
- Aissa Kadri, Professeur honoraire des Universités, Paris 8, « De l’indépendance au Hirak, une crise multiforme : le rôle de l’université en question ? »
- Nadji Safir, sociologue, chargé de cours Université d’Alger, « Le système de production de connaissance algérien (éducation, science, technologie…) à l’aune des mutations scientifiques et technologiques contemporaines. »
- Rabeh Sebaa, écrivain, essayiste et professeur d’anthropologie linguistique à l’Université d’Oran II, « Algérie, le plurilinguisme contrarié »
- Mustapha Saadoui, Professeur Université de Bouira, « L’historiographie Algérienne contemporaine de langue arabe 1962-2022. Profil sociologique des historiens de langue arabe et courants dominants de leur production scientifique»
16h-16h30 : Débat
16h30-17h15 : Culture et construction des savoirs 2
- Modérateur : Pierre Audin, Professeur de Mathématique, Association Josette et Maurice Audin
- Ahmed Bedjaoui, Professeur des Universités, Alger 3, « Soixante ans après, l’Algérie au miroir de son cinéma »
- Habib Tengour Poète et anthropologue, « Ecriture et indépendance »
- Hocine Tandjaoui, Ecrivain, « Une utopie culturelle des années soixante-dix Le Théâtre de la Mer. Alger 1969-1972
17h15-17h45 : Débat
18h : séance de clôture
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