Le numéro 27 de “Politique Américaine” est paru
Le numéro 27 de “Politique Américaine” est paru et comprend un dossier dirigé par Aurélie Godet (Paris Diderot) intitulé “La féminisation de la vie politique aux Etats-Unis”.
Site de la revue: http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=revue&no=881
CAIRN: http://www.cairn.info/revue-politique-americaine.htm
Éditorial – Alexandra de Hoop Scheffer (German Marshall Fund) et François Vergniolle de Chantal (Université Paris Diderot)
Introduction. Femmes et/en politique aux Etats-Unis – Aurélie Godet
La difficile ascension des femmes aux fonctions exécutives fédérales aux États-Unis – Élisabeth Vallet (Université du Québec à Montréal).
Si les femmes sont présentes à Washington en nombre croissant, et ce dans les trois branches du gouvernement, cette tendance
ne peut occulter le fait qu’elles demeurent encore très largement sous-représentées, particulièrement au sein de la branche
exécutive fédérale. Ainsi, les hautes fonctions de la République américaine restent hors de portée des femmes, particulièrement
lorsqu’elles touchent à la dimension régalienne de l’État, et donc a fortiori à la présidence. Ce travail de recherche analyse la permanence des représentations traditionnelles de genre, qui demeurent peu perméables à une vision alternative du pouvoir exécutif, et l’impact de ces dernières sur les élections présidentielles.
« Madame Smith Au Sénat » : l’impact des femmes sur la Chambre haute du Congrès – Aurélie Godet (Paris Diderot).
Depuis 1922, seules quarante-six femmes ont siégé à la Chambre haute du Congrès américain. Sans surprise, l’essentiel des
travaux scientifiques sur les femmes au Sénat porte donc sur la question de leur sous-représentation et de ses raisons.
Aussi crucial soit-il, ce problème rejette dans l’ombre trois questions tout aussi importantes : les sénatrices occupent-elles
des positions de pouvoir au sein de l’institution? Leur comportement législatif est-il différent de celui de leurs collègues
masculins ? Sont-elles des parlementaires efficaces ? Sur la base de témoignages, de statistiques et de travaux de recherche antérieurs, cet article offrira une évaluation aussi complète que possible de l’influence exercée par les femmes au/sur le Sénat depuis les années 1920.
Le lobbying des suffragistes au Congrès (1913-1920) – Claire Delahaye (Université Paris Est Marne La Vallée).
Cet article étudie l’influence du lobbying des suffragistes sur le Congrès fédéral entre 1913 et 1920. Il analyse la stratégie
et les tactiques développées par les organisations suffragistes, méthodes qui ont inspiré d’autres groupes de pression après
l’adoption en 1920 du 19e amendement accordant le droit de vote aux femmes. Le lobbying des suffragistes s’est efforcé de
donner de la visibilité à la cause et a mobilisé l’opinion publique américaine afin de faire pression sur les membres du Congrès.
Les organisations féministes américaines à l’ONU : un exemple de diplomatie citoyenne – Fatma Ramdani (Université Paris XIII).
Les organisations féministes américaines ont fait des quatre conférences onusiennes sur les femmes (1975-1995) et des congrès
des ONG organisés en parallèle un nouvel espace de revendications et de militantisme transnational. Vingt années de mobilisation indéfectible leur ont permis de bouleverser le champ des relations internationales et les ont érigées en actrices du changement social. Leur continuelle exclusion du banc des négociations lors des conférences de la « Décennie des femmes » (1975-1985) les a poussées à impulser une lecture féministe des problèmes contemporains dans la conceptualisation du discours démographique à l’ONU. Dans le contexte de l’après-guerre froide, appuyées par l’Administration Clinton, elles se sont inspirées de leurs propres institutions et ont lancé le Women’s Caucus. L’efficacité et le professionnalisme de ce mécanisme de lobbying et de plaidoyer ont transformé les organisations féministes américaines en partenaires officielles de l’ONU.
De la sphère domestique à la sphère politique : l’engagement des militantes Tea Party – Marion Douzou (Université Lyon 2).
On évalue souvent l’influence des femmes en politique à l’aune du nombre de sièges et de postes qu’elles détiennent dans les
enceintes du pouvoir. Une grille d’analyse fondée sur ce seul critère n’épuise pas une réalité complexe, d’où l’intérêt d’examiner
le rôle que les femmes jouent dans la mobilisation du Tea Party, mouvement qui se veut dans une large mesure non institutionnel. Tous les observateurs soulignent qu’elles y sont à la fois nombreuses, influentes et qu’elles y tiennent des emplois inédits. Elles y occupent ainsi bien souvent une place de porte-parole. L’hypothèse testée ici est que la redistribution des cartes à l’oeuvre au sein du Tea Party est liée à des déclinaisons multiples et parfois contradictoires de la figure de la « mère au foyer ». Bien entendu, l’engagement des femmes et des mères au foyer n’est pas né avec le Tea Party. De Phyllis Schlafly à Jenny Beth
Martin, il y a une tradition de lutte. La spécificité de l’engagement des femmes dans le Tea Party serait d’être une forme
d’émancipation qui s’opère dans le cadre de représentations et de revendications extrêmement traditionnelles et conservatrices.
En somme, la défense des traditions serait, en l’espèce, porteuse de nouveauté. Cette grille de lecture a fait l’objet d’une
enquête de terrain en Pennsylvanie à travers une collecte de témoignages oraux et une observation des pratiques militantes à la base.
Le débat sur les violences faites aux femmes aux États-Unis : les limites du consensus – Pauline Delage (Université de Lausanne).
Alors que, depuis sa promulgation en 1994, le Violence Against Women Act était jugé consensuel, son renouvellement a généré
des débats entre républicains et démocrates en 2011. Ce débat a été l’occasion d’interroger les fondements de ce consensus, qui,
en creux, reflète les contours de la formulation du problème public des violences faites aux femmes, et en particulier de celui de la violence conjugale, aux États-Unis. Retracer l’histoire du problème public souligne alors les questions politiques qu’il continue de soulever dans les mondes universitaire et associatif. En effet, les politiques publiques de lutte contre les violences conjugales font toujours l’objet de « luttes définitionnelles » qui mettent en avant la manière de penser l’influence du genre et des rapports sociaux dans la sphère intime.
Entretien avec Vincent Michelot (IEP de Lyon) et Jennifer Merchant (Université Paris 2) – réalisé par Aurélie Godet (Paris Diderot).
Compte-rendu d’ouvrages (section dirigée par Alix Meyer, Université de Bourgogne).
Linda L. Fowler, Watchdogs on the Hill: The Decline of Congressional Oversight of U.S. Foreign Relations, Princeton, NJ:
Princeton University Press, 2015, 260p.
Daniel C. Kurtzer, Scott B. Lasensk y, William Quandt, Steven Spiegel, Shibley Telhami, The Peace Puzzle : America’s Quest for Arab-Israeli Peace 1989-2011, Ithaca : Cornell University Press, 2013, index, 352p.
Abrajano, Marisa et Zoltan Hajnal, White Backlash: Immigration, Race, and American Politics, Princeton, NJ: Princeton University
Press, 2015. 241p.
Alix Meyer, Les Républicains au Congrès. La résistible ascension des conservateurs américains, Rennes, Presses Universitaires de
Rennes, coll. « Des Amériques », 2015, bibliogr., index, 274p.