Libye : La guerre, ses dividendes et la paix par Ali Bensaad
Article paru dans “Le Monde” de mercredi dernier
L’entrée à Syrte des forces du nouveau gouvernement Serradj conforte la stratégie de ce dernier de mettre en avant « la bataille de Syrte » pour sa portée symbolique forte et son potentiel unificateur. Chasser l’EI, stigmate honteux pour la quasi-totalité des libyens, est une garantie de gain de crédibilité et de ralliements. L’affirmation d’une force, dans le contexte de fragmentation libyen, a, en soi, un effet centralisateur et ouvre la possibilité d’entrée dans un cercle vertueux. Après l’affirmation graduelle de son autorité sur Tripoli et la prise de contrôle des principaux ministères, cette bataille confirme que ce gouvernement, perçu comme porté à bout de bras par la communauté internationale, ne manque ni de ressources ni d’enracinement. Si l’ONU, avec l’appui de l’occident, a fortement contribué à son émergence, celle-ci est d’abord redevable à des dynamiques endogènes.