allocation de recherche flechée
L’Institut Francais de Geopolitique de l’Universite Paris 8 dispose d’une allocation de recherche flechee. Vous trouverez le projet ci-dessous.
Merci d’adresser vos candidatures avant le 10 septembre à Mme Frederick Douzet : douzet@wanadoo.fr
Cette thèse porte sur l’impact de la concentration spatiale des immigrés et des personnes issues de l’immigration sur leur taux et leur degré d’intégration sociale, économique, culturelle et politique. Elle se base sur une étude de cas précise d’une grande ville occidentale soumise à une forte immigration qui engendre des débats et des tensions à l’échelle locale et au sein de la nation. Le choix du terrain sera déterminé en fonction des compétences linguistiques et centre d’intérêts du meilleur candidat pour ce projet.
L’environnement résidentiel façonne en partie le type d’informations, de ressources, d’interactions ou de représentations auxquels les individus sont exposés ou qu’ils partagent. Notre hypothèse centrale est que les immigrants qui vivent dans des zones de forte concentration expérimentent la société d’accueil de façon différente de ceux qui vivent dans des zones non concentrées, et que ceci affecte leur capacité d’intégration.
D’autre part, la forte concentration spatiale d’immigrants (immigrés et populations issues de l’immigration) influence le regard que porte le reste de la population sur ces territoires et les populations qui s’y trouvent. Dans un contexte de crise aigüe ou de tensions très médiatisées (attentats, émeutes, rixes entre bandes…), ces représentations s’étendent parfois à l’ensemble de la population immigrante, conduisant à des attitudes racistes et discriminatoires. Ces représentations affectent par ailleurs le soutien populaire aux politiques publiques ciblant ces territoires, qui plus est, celles visant ouvertement les populations immigrantes.
La concentration d’immigrants peut être perçue de façon positive par les immigrants vivant dans ces quartiers qui peuvent y trouver, à leur arrivée ou au cours de leur jeunesse, un environnement social, culturel voire linguistique familier et des structures d’entraide. Elle n’en est pas moins susceptible d’affecter leur capacité d’ntégration dans la société française et de mobilité socio-économique et résidentielle.
L’un des enjeux de la concentration est la mobilité, dans une acception large : mobilité résidentielle, sociale, politique et culturelle. Nous pensons en effet que les perspectives d’amélioration des conditions de vie (logement, revenus…) sont plus pertinentes que les conditions elles-mêmes, à un temps donné, pour évaluer le rapport d’un immigrant à son quartier et la société d’accueil, ainsi que les enjeux politiques et les défis potentiels qui en découlent.
Le sentiment d’absence de possibilité de mobilité pourrait notamment permettre d’expliquer pourquoi, dans des pays à niveaux de concentration spatiale très différents, on trouve souvent le même vécu d’exclusion et de frustration à l’égard de la société d’accueil dans les zones de forte concentration. La référence généralisée à l’idée de ghetto exprime précisément la notion d’enfermement —dans une identité, une condition sociale, un quartier, un manque de représentation politique— et d’isolement, plus qu’elle ne renvoie à la notion d’homogénéité réelle ou de simple cumul de désavantages sociaux sur un territoire. La frustration et le sentiment d’exclusion peuvent donner lieu à l’émergence d’identités séparées mais aussi de tensions, de désordres sociaux et de revendications politiques.
A l’inverse, la perspective d’une mobilité spatiale et d’une ascension sociale peuvent minimiser les effets négatifs de la concentration spatiale, particulièrement lorsqu’elle s’associe au cumul de désavantages sociaux sur un territoire (fort taux de chômage, de criminalité, faible niveau scolaire, isolement, manque d’équipements…).
Enfin, la mobilité plus rapide d’immigrants récents par rapport à une population d’immigration plus ancienne ou une minorité implantée de plus longue date peut engendrer des rivalités de pouvoir sur de petits territoires, particulièrement lorsque les populations plus anciennes se trouvent déplacées ou mises en concurrence dans leur mobilité par l’arrivée de ces nouveaux immigrants et se perçoivent comme victimes de discrimination, actuelle et/ou historique (esclavage, ségrégation légale, colonisation).
Compétences requises : formation à l’analyse géopolitique – analyse spatiale – enquêtes qualitatives de terrain – langue du pays étudié – cartographie (Adobe Illustrator, Mapinfo) –
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