«Dans les communes où Le Pen arrive en tête, le ni-ni est faible». Analyse du second tour pour Libération, par Jérémy Robine
À lire sur liberation.fr, avec des cartes.
L’abstention et le vote blanc n’ont pas profité à l’extrême droite, explique le géographe Jérémy Robine qui tire les enseignements des résultats de dimanche.
Bien qu’il ne rassemble que 20 millions de voix et 44 % des inscrits, près des deux tiers des suffrages se sont portés sur Emmanuel Macron. Seuls deux départements n’ont pas placé le nouveau président en tête, l’Aisne avec 53 % des voix pour Marine Le Pen, et le Pas-de-Calais avec 52 %. Ces valeurs sont faibles, surtout au regard des résultats de Macron, qui obtient des scores nettement plus élevés, jusqu’à 90 % à Paris. Les Françaises et les Français ont donc bel et bien fait barrage à l’extrême droite, se saisissant du bulletin disponible pour infliger à Le Pen une défaite cuisante, même lorsqu’ils ou elles n’adhèrent pas au programme de Macron. Et c’est plus nettement encore que cette mobilisation se perçoit sur la carte des résultats par communes. Il faut pour cela se remémorer (ou retourner consulter) la carte par communes des résultats du premier tour. La grande majorité de celles qui avaient placé Le Pen en tête ont voté en faveur de Macron, et presque toutes les autres aussi, quel que soit le candidat arrivé premier, de Mélenchon, Fillon ou Macron. C’est spectaculaire si l’on concentre son attention sur l’arc méditerranéen, et plus encore dans le sillon rhodanien et le grand quart nord-est. En Alsace, en Moselle, dans les Vosges, dans la Haute-Saône, dans la Haute-Loire comme dans le Loiret, l’Yonne ou la Seine-et-Marne, on voit nettement le recul du nombre de communes où la candidate du FN est en tête.