Espaces politiques et politiques de l’espace à l’est de l’Europe
Journée d’études organisée par
le Centre de Recherches pluridisciplinaire et Multilingue (CRPM, université Paris Ouest)
le Centre de Recherche et d’Analyse Géopolitique (CRAG, université Paris VIII)
- Mercedi 7 novembre 2012 de 9h30 à 16h30
- Université Paris VIII, bâtiment D, salle D011
- Accès: Métro Ligne 13 Arrêt « Saint-Denis Université » (fléchage à partir de l’entrée du campus)
L’ensemble géopolitique qu’il est convenu d’appeler «Europe de l’Est», possède au moins trois particularités qui permettent de l’identifier comme objet d’étude ontologique :
– il a émergé à la suite de la chute et du démembrement des quatre empires continentaux (l’empire russe, l’empire austro-hongrois, l’empire ottoman, l’empire germanique) ;
– les jeunes Etats-Nations, qui le composent, ont été soumis pendant plus de cinquante ans aux régimes communistes, de modèle soviétique. Par ailleurs, la plupart de ces Etats étaient réunis dans une alliance militaire placée sous la férule de l’URSS, le Pacte de Varsovie ;
– en tant que bloc idéologique, l’Europe de l’Est constituait le noyau d’un des partis dans un affrontement bipolaire lors de la guerre froide.
Il semble acquis qu’au vu de ces spécificités, la notion même de « géopolitique », appliquée à cette aire géographique (ainsi que des concepts apparentés : « géographie politique », « espace politique ») est non seulement justifiée, mais aussi lourde de sens.
La journée d’études « Espaces politiques et politiques de l’espace à l’est de l’Europe » se propose d’entamer une réflexion théorique sur l’histoire, la sémantique et l’instrumentalisation de la notion de géopolitique dans les Etats d’Europe de l’Est (Allemagne, Russie, Pologne, Ukraine, Moldavie, etc.). Entre tabou (difficultés d’utiliser le terme en Allemagne, banni après l’usage qu’en avait fait les théoriciens du IIIe Reich – travaux de Haushoffer, Obst, Lautensach) et abus (le mouvement eurasien en Russie ; le manifeste du réalisateur N. Mikhalkov qui proclame que « rien n’est politique, tout est géopolitique), user du terme et penser le concept à l’Est de l’Europe demeure révélateur des processus profonds qui régissent ces sociétés en transition ou en mutation – du totalitarisme ou post-totalitarisme vers la démocratie parlementaire ; du statut périphérique ou satellitaire vers l’indépendance nationale. Parmi les pistes de réflexion à aborder, figurent:
– la généalogie des concepts géopolitiques (héritage de l’école allemande, Ratzel, Haushoffer) – la notion de Heartland / Rimland (Mackinder) : quel avenir ?
– les non-dits géopolitiques dans le discours politique et académique
– lecture(s) de la désagrégation de l’URSS : construction post-impériale et douleurs fantômes – instrumentalisation de la géopolitique par le pouvoir en place
– géopolitique interne/ géopolitique externe : quelle grille de lecture pour les conflagrations territoriales intra-nationales ?
La journée d’études fera partie de la célébration des 10 ans de l’Institut Français de Géopolitique (IFG) et sera concomitante avec la parution du numéro de la revue Hérodote consacré à la théorie de géopolitique et au projet de traduction en russe de l’œuvre d’Yves Lacoste porté en collaboration avec l’université russe d’Etats de sciences humaines (RGGU, Moscou), université partenaire de Paris VIII.