Fièvre antifraude et émancipation de la société civile en Turquie
Tribune dans Libération de Nora Seni, professeure émérite à l’IFG
La fièvre électorale est montée en Turquie. Le climat est à la méfiance et à l’inquiétude vis-à-vis de fraudes que l’on considère probables, d’autant plus que l’on sent Erdogan moins assuré de l’emporter dès le premier tour. La société civile se mobilise avec rigueur et sang froid au sein d’organisations qui se créent pour l’occasion, pour surveiller le déroulement du vote. La plus ancienne des ONG qui veille sur le scrutin se nomme «le Vote et au-delà» (Oy ve ötesi). Elle s’est formée à Istanbul, à l’occasion des élections locales de 2014, au lendemain du soulèvement de Gezi (2013). Elle enverra 195 000 «témoins» pour surveiller des urnes de différentes villes du pays le 24 juin. Elle prévoit d’être présente dans 81 villes. 30 000 personnes s’étaient présentées à la candidature pour devenir «témoin» le jour même où «le Vote et au-delà» avait lancé la procédure d’inscription.