La prise de conscience raciale
Pascal Binczak, président de l’Université Paris 8 a l’honneur de vous convier à la conférence, La prise de conscience raciale de Monsieur Lorenzo Morris, Lauréat de la Chaire Tocqueville-Fulbright à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université Paris 8 Le lundi 30 mars 2009 de 17h30 à 19h30 à l’Amphithéâtre X de l’université Paris 8 2, rue de la Liberté – 93200 Saint-Denis R. S.V. P. en appelant le 01 49 40 67 63 ou en écrivant à service.communication@univ-paris8.fr
Le progrès continu vers la fin des inégalités raciales entraîne dans son sillage la remise en question de l’identité raciale ou ethnique de chacune des minorités, qui ont été maintenues en bas de l’échelle sociale pendant de longues années. Cela est plus particulièrement vrai de la minorité africaine-américaine, qui a subi un racisme officiel puis un racisme officieux dans tous les domaines. La sortie progressive de cette dernière phase de la discrimination raciale laissait espérer que la société pourrait dépasser l’identité raciale pour refonder les rapports sociaux sur la base de l’individualisme et de l’universalisme. Cependant, les idéaux universalistes et individualistes ont toujours fait partie intégrante de l’histoire inégalitaire des États, Unis et …pourtant- « Ségrégués ».
Ce qui s’est passé lors de l’émergence d’une conscience raciale dans les premiers temps de l’esclavage et pendant toute sa durée, relevait d’une conscience physique des différences génétiques entre les êtres humains. Tout rapport social était conditionné par des mesures universelles. On expliquait par ces handicaps génétiques le fait que l’accès des minorités à l’ascenseur social était bloqué.
Par la suite, la ségrégation s’expliquait plutôt, selon les cours de justice, par les choix « naturels » ou providentiels d’individus qui choisissaient de vivre ensemble parce qu’ils se ressemblaient, la loi ne faisant qu’entériner un phénomène naturel. Depuis la déségrégation, la conception de l’inégalité exprimée dans les lois et les règles publiques reste encore figée par l’idée que toute identité dépend fondamentalement de conditions physiques n’ayant rien à voir avec les rapports sociaux. La discrimination est ainsi conçue comme une déviation sociale imposée par des individus de mauvaise volonté et non comme la conséquence de la structure sociale. De même, le groupe majoritaire tend à nier la responsabilité individuelle de ses membres pour les inégalités qu’ils perpétuent car il part du principe que la société est une méritocratie dont les résultats sont le produit d’une compétition individualiste.
Parfois, heureusement, lorsque des mesures d’affirmative action sont mises en oeuvre au bénéfice d’étudiants comme Barack Obama par exemple, la conscience raciale s’élève. Où sont les autres Obama aux États-Unis et ailleurs ? Peut-être sont-ils rendus invisibles par le refus individualiste et républicain de la conscience raciale.