Les années Trump. Conservatisme, suprémacisme et Black Lives Matter. Regards croisés sur les États-Unis
Le 20 janvier 2021, Joe Biden est investi 46ème président des États-Unis, à l’issue d’une saison électorale – et, en fait, d’une mandature Trump – particulièrement violente. Le 3 novembre 2020, un nombre record d’électeur·trice·s se sont mobilisé·e·s, en personne ou à distance, dans un contexte pandémique tendu. Joe Biden a ainsi succédé à Donald Trump grâce aux 306 grands électeurs conquis par 81,28 millions de suffrages lors du vote populaire. L’investiture n’aura pourtant pas été facile tant le candidat perdant a agité ses électeur·trice·s avec des théories complotistes sur une élection supposément truquée, à tel point que le 6 janvier 2021, des centaines de ses partisans d’extrême droite ont attaqué le capitole pour tenter d’empêcher les grands électeurs d’entériner la victoire de Biden. Cinq personnes ont été tuées lors de cette opération planifiée depuis plusieurs semaines notamment par des groupes suprémacistes blancs. Cette insurrection peut être considérée comme le point culminant de la violence inouïe qui a caractérisé le mandat de Donald Trump et confirme sa proximité avec l’extrême droite, dont il a contribué à l’expansion en relayant quotidiennement des propos xénophobes et haineux, des fausses informations1, voire des complots, et en alimentant la défiance envers la presse et les institutions, ou encore en développant des politiques inhumaines vis-à-vis des migrant·e·s par exemple. Signe ultime que le clivage de la société américaine est à son paroxysme, le mouvement social Black Lives Matter de lutte pour la justice raciale, né à l’aube du second mandat d’Obama, en 2013, a pris une ampleur historique.
Pourtant, au contraire d’une rupture ou d’un accident, l’élection de Donald Trump s’inscrit dans la continuité de l’évolution du conservatisme américain. Personnalité clivante et hostile, Trump a aussi soudé son clan – ses électeurs, comme le parti républicain – et transmis à Joe Biden la tâche de redresser un pays en grande difficulté sans la coopération des Républicains. Pap Ndiaye, historien des États-Unis et directeur général du Palais de la Porte Dorée, et Charlotte Recoquillon, chercheuse associée à l’Institut français de géopolitique, spécialiste des violences policières, reviennent sur ces quatre années sidérantes sous la forme d’un entretien-dialogue.
Retrouvez l’entretien dans son intégralité sur le site de la revue Urbanités