« L’or vivant des somali. des frontières, des troupeaux et des hommes face à la mondialisation des normes (Un regard géopolitique sur les exportations de bétail de la Corne de l’Afrique) ” par Géraldine Pinauldt
Géraldine Pinauldt soutiendra sa thèse le 24 janvier 2014 à 10h00 à l’Université Paris 8 dans la salle des thèses dans l’espace Deleuze devant un jury composé de :
- Alain Gascon, directeur de thèse, Université Paris 8
- Amina Saïd Chiré, Université de Djibouti
- Christian Grataloup, Université Paris 7
- Emmanuel Grégoire, IRD (rapporteur)
- Géraud Magrin, CIRAD (rapporteur)
- Marc-Antoine Pérouse de Montclos, IRD, Université Paris 8
RÉSUMÉ
De 1998 à 2009, les exportations de bétail de la Corne de l’Afrique subissent un embargo sanitaire de l’Arabie Saoudite, principal partenaire de ce commerce. Depuis 1991 tous les États de la Corne ont connu des recompositions territoriales ou politiques et le commerce de bétail, qui représente une importante source de revenus, concentre des enjeux de contrôle territorial direct ou indirect. Le Somaliland, désuni de la Somalie en 1991, est central dans ce système commercial. Son port est le débouché de 80% du bétail exporté depuis la Corne de l’Afrique. Avec l’utilisation des nouvelles normes sanitaires, ce commerce devient un instrument de déstabilisation du Somaliland dont l’existence va à l’encontre de représentations géopolitiques tenaces. L’introduction de ces normes permet à l’Éthiopie, fédération ethnolinguistique depuis 1991, d’accéder à des financements. Elle doit alors faire le choix de rééquilibrer à l’est de son territoire ou d’accentuer un inégal développement, fruit d’une histoire tumultueuse avec le monde somali.
La mondialisation des normes sanitaires impose de nouvelles contraintes alors que les régulations par les États et leur maîtrise des territoires sont en construction. L’objectif de cette thèse est de montrer comment ces contraintes deviennent des outils qui servent des stratégies géopolitiques nées de représentations spatiales bien ancrées. Les grands négociants somali ont, par leur mobilité et leur sociabilité réticulaire, des clés leur permettant de garder une emprise sur le commerce de bétail et ses déclinaisons géopolitiques : faisant le lien entre les territoires, ils offrent une lecture à la complexité de problématiques régionales.
ABSTRACT
Between 1998 and 2009, Horn of Africa’s main livestock importer, Saudi Arabia, imposed a ban on its livestock for sanitary reasons. Since 1991, all the states of the Horn of Africa underwent major territorial and political changes. Livestock trade being one of the main income source, it is an issue for direct or indirect territorial control at different scales.
Somaliland, who disunited from Somalia in 1991, is a central element of this commercial system. Its port Berbera is used as an outlet for 80% of the exported livestock. With the introduction of new sanitary standards, and since Somaliland’s very existence lies in opposition to persistent geopolitical representations, livestock trade becomes a tool used to destabilize Somaliland. Meanwhile, the introduction of those standards grants Ethiopia access to international fundings which can be used either to rebalance its territory to the east or to increase an unequal development which takes its roots in its stormy history with the Somali world.
Globalisation of sanitary standards leads to new trade requirements whereas state regulations and territorial control have not yet been achieved in the region. The point of this thesis is to show how the requirements/constraints become tools that in turn serve geopolitical strategies born from socio-spatial representations. Mobile Somali livestock traders’ networked sociability enables them to keep a grip on the trade and its geopolitical translations. Acting as ties connecting the territories and the scales, the traders provide an understanding to the complex regional problematics.