Lutte des classes, luttes des places : les enjeux urbains et politiques de la crise du logement à Buenos Aires
Séminaire « Les frontières de la ville », mardi 18 janvier 2010, 16-18 heures salle D011 – Université Paris 8
Comment analyser les « émeutes de décembre 2010 » qui ont secoué la ville de Buenos Aires ? Les occupations de terre (tomas ) de décembre 2010 s’inscrivent dans toute une série de conflits et de violence qui soulignent l’acuité de la crise du logement dans la métropole argentine, mais aussi l’absence de politique de logement social, dans une ville qui connaît un bom immobilier de luxe insolent dans les quartiers nord de la ville. Ces occupations ont mis en évidence l’aggravation de la situation dans les villas miseria (bidonvilles) gonflées par les exclus du marché locatif formel et les migrants des pays limitrophes attirés pat la prospérité argentine retrouvée, après la violente crise de 2001. La forte densification des quartiers précaires, la multiplication des occupations des espaces « vacants », les expulsions de squatts, les conflits de proximité entre « voisins » et « Okupas », la compétition entre brookers (punteros) et partis politiques pour le contrôle de ces territoires, les rivalités entre le gouvernement national et celui de la ville autonome de Buenos Aires, la question sécuritaire multiplient les tensions et les violences autour de l’espace central disputé et renforcent les processus de ségrégation, aux différentes échelles de l’espace métropolitain.
Marie-France Prévôt-Schapira
Professeur de géographie à l’université Paris 8
IFG/Paris 8- ANR Metraljeux