Personne ne doute vraiment que l’annexion de Jérusalem soit définitive
Soixante-dix ans après la création de l’Etat juif, Israël a remporté la bataille du territoire, estiment les universitaires Julieta Fuentes (docteur de l’IFG) et Philippe Subra (directeur adjoint de l’IFG) dans une tribune au « Monde »
Tribune. Le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem est certes contraire au droit international et ne va pas dans le sens de la paix. Mais il est surtout la reconnaissance d’un état de fait : cent vingt ans après l’arrivée des premiers immigrants et la parution du livre de Theodor Herzl, L’Etat des Juifs, Israël contrôle, d’une manière ou d’une autre, 90 % du territoire de l’ancienne Palestine, et personne ne doute vraiment que l’annexion de Jérusalem-Est soit définitive.
Deux guerres ont rendu possible cette domination presque totale : 1948, qui a permis la création d’un Etat, et 1967, qui lui a assuré la mainmise sur la Cisjordanie. Mais ces succès auraient eu un impact bien moindre s’ils ne s’étaient inscrits dans une stratégie plus large et plus ancienne de prise de contrôle du territoire, grâce à ce qu’on appelle en France la politique d’aménagement du territoire : la création de kibboutz et de plusieurs dizaines de villes nouvelles, la construction dans de nouveaux quartiers et dans les colonies de centaines de milliers de logements, de nouvelles routes, de tunnels, de ponts, de grillages et de murs.