Somaliland et Soudan du Sud : créations d’États et identité(s) nationale(s), entre reconfigurations et statu quo
publication dans le n°18 de la revue Egypte monde arabe par Géraldine Pinauldt, docteur de l’IFG et Nathalie Coste
L’ébranlement des frontières au Moyen-Orient et au Sahel a commencé bien avant 2011 si l’on considère que le Somaliland et le Soudan du Sud appartiennent à l’ensemble géopolitique du Grand Moyen-Orient et du Grand Sahel, bien que géographiquement à sa marge. Dès 1991, le Somaliland déclare unilatéralement sa désunion d’avec la Somalie et rétablit les frontières coloniales. Le Soudan du Sud, quant à lui, proclame son indépendance et se détache du reste du Soudan en juillet 2011, aboutissant à l’établissement de nouvelles frontières internationales. Cet article présente une analyse comparative des dynamiques de sécession et de statogénèse de ces deux espaces, à la fois proches et éloignées. En effet, il met d’une part en évidence des rapports entre État dit « amputé » et État sécessionniste mais avec des conceptions centre/périphéries divergentes. Il révèle d’autre part, dans les deux cas, une réappropriation de l’histoire coloniale et de ses référents, qu’il s’agisse des bornes spatiales et temporelles des territoires concernés, ou des contours spatiaux et temporels de la citoyenneté.